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Itinéraire bis d'Alain Fonteneau : échos de lecture

   Depuis la parution de son livre, d'abord auto-édité puis publié par ABM-éditions, Alain Fonteneau est allé à la rencontre de ses lecteurs. Beaucoup ont aimé son récit et ont tenu à le lui dire, quelques-uns ont jugé sévèrement son parcours d'après le leur... Finalement, rares sont ceux que ce dernier laisse indifférents. Au fur et à mesure qu'Alain me parlait de ces échanges, nous avons décidé de les publier, comme autant de prolongements bien vivants de cette belle aventure située hors des chemins tout tracés, écriture comprise.


Alain Fonteneau lors du Marathon de Paris, édition 2017.
Alain Fonteneau lors du Marathon 2017
Photographie Maindru, tous droits réservés©
 Novembre 2016, Gare Montparnasse. 
Pierre : « Votre récit est très intéressant. Vous avez eu une vie bien remplie. J'ai apprécié votre enfance car elle me rappelle la mienne. Vous décrivez parfaitement le milieu : les vaches, les lapins, les poules, le potager, la vigne et surtout l'ambiance dans le village. Tout le monde se connait. On se croirait vraiment dans cette ferme. Votre autobiographie est vraiment authentique. Félicitations ! »

Décembre 2016.
   Il est 20 heures. Je remballe le stand de bonnets et de gants.
Paul : « Excusez-moi de vous déranger. Mais je tenais à vous féliciter pour votre livre. Il m'a donné envie de reprendre la course à pied. Vous décrivez très bien les efforts à accomplir et le plaisir qu'ils procurent. »

31 décembre 2016, Boulevard Edgar Quinet.
   Viviane me demande de dédicacer le livre que je lui ai vendu il y a un mois.
   « J'ai lu les quatre premiers chapitres, avant l'enfance. C'est formidable ! De quelle combativité et de quelle détermination vous faites preuve ! Moi qui suis prof de danse, je rencontre aussi des obstacles pour avancer dans les démarches administratives. » Juste avant de me quitter, Viviane m'offre des Physalis, ou Amour en cage. Un clin d'œil à mon enfance !

Janvier 2017, devant l'UGC Montparnasse. 
   Casquette vissée sur la tête, Paul avance d'un pas assuré. Il s'arrête lorsqu'il m'entend prononcer : itinéraire bis. Il me demande ce que je vends. Après lui avoir présenté mon livre, il regrette de ne pas pouvoir l’acheter car il n'a pas de liquide sur lui. C'est à son tour de m'expliquer ce qu'il fait : il est chauffeur de taxi. Il conduit des personnalités fortunées. Un jour, l'une d'entre elles se lamente auprès de lui :
 - Comment voulez-vous que je vive avec 80.000€ / par mois?
 - Et moi ? Que dois-je dire, avec 1500€ par mois ? rétorque le chauffeur.
 - Ah, mais vous ne savez pas combien me coûtent mes maîtresses et ces soirées mondaines?
   Mon interlocuteur me fait remarquer que 83% de la population vit avec 15% des richesses mondiales. Tout de suite, je fais un parallèle avec le marathon de Paris. Parmi les participants, une Africaine portait sur sa tête un seau, et sur son ventre un écriteau : 42km, c'est la distance que nous parcourons dans notre pays pour avoir de l'eau potable ! Chacun évolue dans son microcosme, ignorant les possibilités de vivre autrement lorsque les conditions l’imposent…

Janvier 2017, Boulevard Vaugirard.
Sébastien : « Bonsoir. J'ai lu votre livre. Pas mal ! J'ai surtout apprécié la fin quand vous décrivez votre travail sur les stands. On ne s'imagine pas les difficultés rencontrées : gérer l'humeur des clients, évaluer les risques du temps (pluie, vent, froid, canicule), savoir présenter un stand pour attirer la clientèle... Quel boulot ! »

Mars 2017. Devant le cinéma Gaumont.
Sébastien : « Je n'achèterai pas votre livre. Je suis étudiant aux Beaux-Arts. En le feuilletant, je trouve votre style pas très littéraire et vos dessins naïfs. »

Dimanche 30 avril 2017.
   Je suis devant la Gare Montparnasse. C'est le désert ! En raison de travaux, le trafic est interrompu au départ de la gare jusqu'à 14h. Quelle galère ! Je décide de vendre sur le marché de la Place d'Italie. Il y a plus de monde, mais peu de personnes s'arrêtent. Dépité, je prends le métro pour me rendre à La Défense.
   Sur le quai, une jeune fille m'observe. Égaré dans mes pensées, je ne lui prête pas attention. Dans le wagon, elle continue à m'observer. Au moment de descendre, elle m'interpelle :
« Excusez-moi, monsieur ! Vous étiez bien dans le film d'Agnès Varda ?
 - Oui, les Glaneurs et la glaneuse, précisément ! Comment m'avez-vous reconnu?
 - Je l'ai vu récemment.
 - Mais sachez aussi que j'ai écrit un livre : Itinéraire bis.
 - C'est vraiment génial ! Votre expérience nous change de notre quotidien. »

   « Bonjour Alain, je m'appelle Midori, j’ai acheté votre livre devant une pharmacie de Montparnasse, c'était en mars dernier. Après ce film "Glaneurs et la glaneuse" que j'ai beaucoup aimé, je vous ai aperçu au moins plusieurs fois ces dernières années, de loin ou de près, dans ce quartier Montparnasse. Soit vous glaniez, soit vous vendiez le magazine devant la gare. Je vous ai également vu s'affairer autour du stand de fleurs. Après quoi je vous avais perdu de vue.
   Et ce jour-là, le 10 mars, je suis tombée sur vous qui vendiez....votre livre! Quelle surprise. Comme j'ai fini de lire, je me permets de vous envoyer ce mail, tout d'abord je vous félicite du fond du cœur de la publication de ce livre.
  Puisque je me trouvais parmi les spectateurs dans la salle de cinéma (17ème) où était présente Agnès Varda, et que j’ai assisté au moment où vous êtes descendu pour prendre la parole, c'était un peu comme si je vivais à nouveau ce moment mémorable. Ce livre m'a permis de vous connaître mieux et j'adhère à vos pensées, surtout lorsque vous dites : "Je me suis dit que celui qui jetait s'abaissait davantage que celui qui se baissait pour ramasser. Le glaneur dénonce à lui seul la contradiction du système" C'est tout-à-fait ça.
   Avec mes amitiés sincères, je vous souhaite bonne continuation dans la poursuite de votre chemin, et peut-être à bientôt !
   Midori. »

1er Mai 2017, place de la République. 
   Beaucoup de personnes et de bruit. Mais quelle idée j'ai eue d’aller vendre mon livre dans cette manifestation !
   Pourtant, une personne s'arrête et trouve ma démarche courageuse. Après que je lui ai présenté mon récit, elle m'explique qu'elle appartient à une ONG qui défend les Intouchables en Inde, une catégorie sociale très opprimée.

  Après lui avoir vendu mon livre, je quitte la place pour rejoindre la Gare Montparnasse. Sylvie m'aborde et me remercie de mon livre. « Je l'ai fait lire à mon neveu ; il a beaucoup aimé. Il était en dépression et votre récit lui a redonné espoir. Heureusement qu'il y a des gens comme vous pour transmettre une telle émotion ! »
 
   Ce même jour, je rencontre Marc, un agriculteur qui travaillait dans la Beauce.
« Quelle coïncidence ! Moi aussi, j'ai connu cette région quand j'étais vacataire au SRPV de Fleury-les-Aubray. Maintenant, les temps ont bien changé : d'une agriculture artisanale, nous sommes passés à une production industrielle. Celui qui ne suit pas s'endette.
-  À qui le dites-vous ! J'élevais des vaches laitières en Bretagne ; j'avais 30.000€ de dettes. J'ai fait une tentative de suicide. Finalement, ça va mieux et j'ai changé de région.
- J'espère que mon livre vous redonnera de l'espoir.
- Merci ! Mais vous me le dédicacez ! »

Vendredi 7 mai 2017, Boulevard Raspail.
Louise : « J'ai bien aimé votre livre. Surtout l'alphabétisation ! Moi aussi, j'ai donné des cours de Français à des étrangers. Je me suis demandé comment vous aviez pu exercer votre activité sans craindre de perdre votre poste. Dans mon cas, j'ai suivi une formation de langue étrangère (FLE) pour ne pas me faire piquer mon travail. Vous avez vraiment du courage! Le chapitre sur les plantes médicinales m'a plu également car mes parents se soignaient avec les plantes. Votre livre, c'est un vrai régal ! »

Vendredi 12 mai, Gare Montparnasse. 
Christian : « Bonjour. Vous m'avez vendu votre livre avant le Marathon de Paris. Je l'ai lu d'une seule traite dans le train jusqu'à Toulouse. Je ne me suis pas ennuyé. Je tenais à vous féliciter pour votre récit. C'est une vraie source de bonheur! J'ai beaucoup aimé votre vie à la campagne, très traditionnelle et nostalgique. »

Nicolas : « Bonjour Alain, J'ai été ravi de te rencontrer ce matin à la gare d'Austerlitz. J'ai commencé ton bouquin. C'est très bien écrit et l'histoire de ta vie est passionnante. Être en haut ou en bas de l'affiche, peu importe ! Le tout est de vivre l'aventure de sa vie avec passion, comme tu le fais. Bon courage ! Et à très bientôt j'espère. »

   « Bonjour Alain :) Sans doute, par votre refus de vous couler dans un moule, vous avez payé un prix. Néanmoins, en refusant un horizon étriqué et en ayant écoute votre voix intérieure (intuition), d'autres horizons se sont ouverts à vous.
   Votre expérience dans un foyer Sonacotra m'a beaucoup parlé. J'ai un peu connu cet univers avec le père de mes enfants, arrivé du Cameroun en 2002. C'est vraiment un univers différent de tout ce que j'avais connu jusqu'alors.
  J'ai bien aimé vos dessins, mon fils aime beaucoup dessiner et remplit des cahiers avec des narratives riches et variées ! Il faut voir la quantité de personnes intéressantes que l'on peut croiser et qui nous inspirent... […]
   Bonne journée, et au plaisir de vos relire !
   Amitiés, Sara »

Mercredi 16 août 2017.
   « Bonjour Alain, Merci pour ton livre que j'ai beaucoup aimé. Nous avons quelques points communs comme d'avoir baigné dans une atmosphère ligérienne (je suis de Touraine Ouest (Lignières-de-Touraine), et de fréquenter régulièrement la gare Montparnasse. Mais d'autres aussi. Je t'encourage à continuer dans TA direction. A bientôt, Denis. »

   « [...] Comme le titre l’indique, c’est l’histoire d’un parcours, l’histoire d’une vie. l’histoire du parcours de quelqu’un qui, bien qu’équipé -intellectuellement, scolairement- pour s’insérer « normalement » dans la société, fait le choix de chemins de traverse, sans rien revendiquer d’autre que sa liberté de choix et de conscience, dans une démarche tout sauf égoïste puisqu’elle s’articule, en partie, autour de l’aide aux autres, sans contrepartie [...]  »
Article de Grégoire Chevignard, Des livres pour courir.